L’on nous demande ce que l’Eglise pense de Dozulé – dans le diocèse de Bayeux Lisieux. Pour rappel, l’exploitation de ces apparitions – toute propagande, appel de fonds pour y ériger un sanctuaire, toute messe en lien avec le « sanctuaire » de Dozulé – a été condamné par les évêques successifs de Bayeux Lisieux en 1972, 1985 et 1991. Les pèlerinages y sont aussi interdits aux catholiques.
En mai 2011, Mgr Boulanger a missionné au nom de la paroisse une laïque pour accueillir à Dozulé d’éventuels fidèles – selon nos informations Mgr Habert a mis fin à cet accueil et fait détruire la cabane qui y servait.
Mgr Badré, 24 juin 1985
« Depuis quelques années, des chrétiens se rassemblent à Dozulé, en un lieu appelé « La Haute-Butte », pour célébrer la Croix glorieuse de Jésus-Christ et prier pour la rédemption du monde.
Après avoir constitué le 27 avril 1984 une commission diocésaine chargée d’enquêter sur les motifs de ces rassemblements à Dozulé et de porter un jugement sur les livres et les cassettes répandus dans le monde entier et relatant les « événements » de Dozulé,
Après avoir étudié ses conclusions que je communique au Siège Apostolique,
Dans le seul souci d’éclairer les chrétiens, de les aider à demeurer fidèles à l’Eglise et pour « veiller à ce qu’il ne soit pas porté de dommage à la foi ou aux mœurs des fidèles » (can. 823 § 1), je promulgue la présente Ordonnance,
Art. I – En vertu des canons 823 et 824 du Code de Droit canonique, je réprouve formellement la publication de livres, brochures, prières, cassettes, qui ne portent pas l’approbation d’un Ordinaire.
Art. II – Je ne reconnais pas comme « sanctuaire », c’est-à-dire comme « lieu sacré où les fidèles se rendent nombreux en pèlerinage, pour un motif particulier de piété, avec l’approbation de l’Ordinaire de lieu » (can. 1230), le domaine de « La Haute-Butte » de Dozulé.
Art. III – En conséquence, j’interdis toute propagande et spécialement toute collecte de fonds en vue de la construction d’un sanctuaire ou de l’édification d’une croix gigantesque en ce lieu (can. 1265 § 1).
De même, j’interdis l’édification de tout sanctuaire (église, oratoire), calvaire, sur le territoire de la paroisse de Dozulé. (can. 1215, 1223, 1224).
Art. IV – Restant saufs les droits du curé sur le territoire de la paroisse de Dozulé, j’interdis à tout prêtre :
– d’organiser ou de présider toute réunion en relation avec le « message » de Dozulé ;
– de célébrer l’eucharistie dans les mêmes circonstances.
Tout prêtre qui, obstinément, enfreindrait les interdictions contenues dans cet article IV, s’expose à être privé dans le diocèse de Bayeux, de la juridiction nécessaire pour entendre les confessions et, éventuellement, d’être frappé de suspense.
Un certain nombre de fidèles seront désorientés par ces décisions. Ils en souffriront et auront de la peine à les accepter. Je les invite, ainsi que tous ceux qui liront cette Ordonnance, à recentrer toujours plus leur piété, le témoignage de leur foi et leur zèle apostolique, sur le mystère de la Croix glorieuse du Sauveur.
L’Eglise nous y invite, spécialement pendant la Semaine Sainte. Dans le même sens, le Saint-Père nous a demandé à tous de redécouvrir les bienfaits des sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie.
C’est en eux et par eux, qu’il faut chercher les sources de notre conversion et de celle du monde ; c’est en eux et par eux, dans l’Eglise, qu’il faut fortifier notre espérance dans l’attente du Retour du Seigneur.
Cette présente Ordonnance sera publiée lorsque le Siège Apostolique aura fait connaître son opinion sur les « événements » de Dozulé, au vu de l’enquête faite par la Commission diocésaine et qui lui a été transmise intégralement. »
A Bayeux, le 24 juin 1985.
Mgr Jean Badré,
Evêque de Bayeux et Lisieux.
Par mandement :
E. Belin, Chancelier de l’Evêché.
Par lettre du 25 octobre 1985 à M. Badré, le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, avait expressément approuvé la procédure que l’Ordinaire de Bayeux et de Lisieux avait suivie ainsi que les dispositions qu’il avait prises.
Cette position est constamment rappelée par l’évêque de Bayeux et Lisieux : « À côté des appels à la conversion, à la confiance envers la Croix glorieuse et à la dévotion eucharistique, les écrits publiés contiennent des accents et des exigences tout à fait inacceptables ».
Réaction des évêques catholiques de Suisse, 14 mai 2003
« Dans une communication officielle diffusée le 14 mai, la Conférence des évêques suisses rappelle que l’Eglise n’a jamais reconnu les pèlerinages et les croix de «Dozulé». Elle dénonce notamment le caractère «ultime et exclusif» du message transmis par la visionnaire Madeleine Aumont.
Depuis bientôt 30 ans, des chrétiens se rassemblent dans le village français de Dozulé, dans le diocèse de Bayeux et Lisieux, à l’invitation de Madeleine Aumont. Cette dernière, obéissant à un message attribué à Marie, demande à ses fidèles de célébrer la croix glorieuse de Jésus-Christ et de prier pour la rédemption du monde. Le Christ lui aurait ordonné de construire à Dozulé une croix lumineuse haute de 738 mètres et d’une envergure de 288 mètres, tout en lui indiquant les détails techniques nécessaires à cette réalisation.
La Conférence des évêques suisses, suite à de nombreuses sollicitations, met la population en garde contre les visions de Dozulé. Dans un message signé de son président, Mgr Amédée Grab, elle rappelle que l’Eglise catholique n’a jamais reconnu les visions de Madeleine Aumont. Déjà en 1985, Mgr Jean Badré, évêque de Bayeux et Lisieux, avait déclaré ne pas reconnaître comme sanctuaire le domaine de Dozulé. Cette prise de position a été approuvée la même année par le Vatican.
Des accents et des exigences inacceptables
Pour leur part, les évêques suisses soulignent que «les écrits publiés par Dozulé contiennent des accents et des exigences inacceptables». Ils citent, reprenant le rapport de Mgr Badré, «la valeur salvatrice de la seule démarche faite à Dozulé, le caractère ultime et exclusif de message, l’eschatologie douteuse et incongrue, le fait de bâtir des croix lumineuses sans tenir compte de la sensibilité religieuse des bordiers et au risque de procédures judiciaires coûteuses et contre-productives». Car, en attendant de bâtir «la» croix de 738 mètres, de nombreux adeptes se sont contentés d’en ériger une dans leur jardin à l’échelle de 1/100. Ce qui fait tout de même une croix illuminée haute de 7,38 mètres, qui passe rarement inaperçue dans le voisinage.
La Conférence des évêques suisses invitent ceux qui mettent leur confiance en les messages de Dozulé à «recentrer toujours plus leur piété et le témoignage de leur foi sur l’authentique mystère de la croix du Sauveur». «C’est dans les sacrements et par eux qu’il faut chercher les sources de notre conversion et de celle du monde. C’est en eux et par eux, en Eglise, que nous fortifions notre espérance dans l’attente du retour du Seigneur», conclut le message signé de Mgr Grab« .
Il faut aussi préciser que le site de Dozulé a servi de repaire à de nombreux mouvements sectaires, notamment dans les années 1980-85 autour d’un professeur de yoga de l’Aisne qui s’est vu prophète, puis dans les années 1990, puis au début des années 2000 à la Réunion – les fidèles de cette voyante se sont réconciliés avec l’Eglise à son décès. On juge un arbre à ses fruits…