Elle a failli devenir un Burger King et même un hôtel Accor, mais l’église Saint-François d’Assise construite par Jean Prouvé en 1958 à Vandoeuvre les Nancy est toujours à vendre, indique le diocèse de Nancy à la presse locale. Dans son enquête sur la gestion immobilière et financière du diocèse de Nancy, depuis en partie régulée par le nouvel évêque Mgr Pierre Yves Michel, Paix Liturgique consacrait un grand paragraphe à cette église, en vente depuis le début des années 2010 :
« Surtout, ce n’est pas la première fois que les ventes d’églises dans le diocèse de Nancy suscitent une levée de boucliers. Du fait de son histoire, le diocèse a beaucoup de biens et d’églises – notamment dans le pays-haut (de Jarny à Longwy), ainsi que des églises construites après 1905 dans tout le département, souvent en lien avec des cités ouvrières, les quartiers neufs de Nancy ou des dévotions locales.
En 2011, l’église St François d’Assise de Vandoeuvre les Nancy, construite par Jean Prouvé et Georges Schmitt à la fin des années 1950, devait être vendue 1.3 millions d’euros pour en faire un centre commercial.
« L’église Saint-François -d’Assise de Vandœuvre, propriété du diocèse de Nancy, en vente depuis 2007, a trouvé preneur. Le promoteur, dont l’identité n’a pas été communiquée, a fait cette acquisition pour 1, 35 M€. A cette somme, il devra ajouter 500 000 € de travaux de remise aux normes de l’église de 1 000 m² vouée à être transformée en centre commercial. Les 6 000 m² de jardin qui entourent le bâtiment vont être bétonnés et se muer en parking, se fondant ainsi dans un environnement immédiat de grandes et moyennes surfaces commerciales.
« Nous aurions préféré que notre bâtiment serve l’intérêt public, mais les propositions n’étaient pas nombreuses », reconnaît Michel Petitdemange, l’économe du diocèse de Nancy. En 2008, l’association diocésaine la propose à la municipalité de Vandœuvre. « Nous étions intéressés par la seule nef ; ni par les jardins, ni par le presbytère ou encore la petite chapelle attenante », se souvient Philippe Giumelly, premier adjoint au maire, chargé de l’urbanisme. Les Domaines estiment l’acquisition à 700 000 €. « Nous avions l’argent pour l’acquisition mais pas pour les travaux qui se montaient à plus d’un million d’euros ».
Entretenir une église de 1 000 places qui rassemble péniblement 80 paroissiens chaque dimanche n’était plus tenable. « Il en va de notre responsabilité morale, on peut casser notre tirelire mais pourquoi ? Pour quel projet ? Il faut penser aux générations à venir », poursuit l’économe, qui négocie actuellement la vente de l’église de Mont-Saint-Martin près de Longwy. Les paroissiens ont été les premiers avertis de la mise en vente de leur église. Ils se sont consolés dans un premier temps avec la chapelle voisine. Ils devront y renoncer. L’association diocésaine a cependant émis ses conditions « pas de débits de boissons, de salles de jeux, de boutiques qui pourraient choquer dans un ancien lieu saint ».
Néanmoins le projet capote. Pas de quoi déboussoler l’association diocésaine, qui remet l’église en vente… en 2012, elle manque de peu de devenir un Burger King – cette fois le tollé est national.
D’autant que les habitants se mobilisent et obtiennent la protection de leur église au titre des Monuments Historiques : « une pétition circule qui rencontre un succès certain. Grâce à une association présidée par une conseillère municipale d’opposition, l’église est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. La voilà classée. Le maire se réveille enfin, même s’il la joue petit bras.
« N’exagérons pas, ce n’est pas la chapelle Sixtine », déclare-t-il. Certes, seulement un exemple typique d’architecture des années 50-60. Pas rien tout de même. Le promoteur qui n’a pas obtenu ce qu’il souhaitait se désengage. Retour à la case départ pour le diocèse, qui n’a plus qu’une envie, se débarrasser de cette église. Au printemps, une chaîne de fast-food, spécialisée dans le poulet, se dit intéressée. Mais il lui faut désormais respecter le cahier des charges des Monuments historiques. Des contraintes lourdes et un respect total de l’œuvre. L’évêché s’impatiente ».
En fin de compte, toujours sur les bras de l’évêché fin 2022, elle est vendue au groupe hôtelier Accor – la vente est officialisée au conseil municipal d’avril 2023. Et comme le confirme l’économe du diocèse de Nancy à Riposte Catholique, « il y aura bien un bar lié à l’hôtellerie, mais ce n’est pas pareil [que les demandes de 2011] On ne voulait pas d’un bar à part entière ».
Mais il se rappelle que « celui qui en proposait le plus, et bien plus que tous les autres, c’était le consul de Turquie pour en faire une mosquée ». Sans commentaire ».