Zenit a publié une longue étude écrite par un religieux américain sur les moyens surnaturels et naturels pour surmonter le péché de pornographie, ainsi que le rôle du prêtre dans l’aide aux repentants :
« La pornographie est une épidémie. Les données des sciences sociales et les expériences des prêtres qui conseillent leurs paroissiens révèlent l’omniprésence de la pornographie dans notre société. L’accessibilité, le coût abordable et l’anonymat de la pornographie sur Internet ont exposé d’innombrables hommes, femmes et enfants aux formes les plus obscènes et les plus déviantes de matériel à caractère sexuel (1). Au niveau mondial, l’industrie de la pornographie représente 97 milliards de dollars.
Aux États-Unis, l’industrie du « divertissement pour adultes » rapporte 12 milliards de dollars par an (2). Le matériel pornographique représente 35 % de l’ensemble des téléchargements sur Internet (3). Le plus grand site web de pornographie, Pornhub, reçoit plus de trafic aux États-Unis que Twitter, Instagram, Netflix, Pinterest et LinkedIn réunis (Fight the New Drug, 2023). Une étude de 2017 a rapporté que 98% des hommes et 73% des femmes ont regardé de la pornographie au cours des six derniers mois (4). La même étude a conclu que 17 % des participants avaient une utilisation « compulsive » ou « incontrôlable » de la pornographie (5).
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Les catholiques qui consomment de la pornographie sont souvent tourmentés par la culpabilité parce que cela viole leurs valeurs fondamentales. Le confesseur qui célèbre le sacrement de réconciliation est un médiateur et un instrument de la miséricorde de Dieu. Le prêtre dans le sacrement de la confession est à la fois un représentant du Christ, de l’Église et de l’humanité. Le prêtre représente le Christ en se tenant à sa place. C’est le Christ qui accorde le pardon des péchés par l’intermédiaire du prêtre. Le prêtre représente l’Église. Il est un ministre ordonné de l’Église qui reçoit son autorisation (facultés) d’entendre les confessions de l’ordinaire du lieu. Enfin, en tant que personne humaine, le prêtre représente l’humanité. Il est une personne à laquelle le pénitent peut se confier en toute confiance dans le secret de la confession. Ainsi, le prêtre est un représentant des trois parties offensées par le péché grave : Dieu, l’Église et l’humanité. Saint Alphonse de Liguori, qui a beaucoup écrit sur le rôle du prêtre dans le sacrement de réconciliation, a décrit les quatre identités du confesseur : père, maître, docteur et juge (9). En tant que père, le confesseur se réjouit d’accueillir ses enfants dans la maison de Dieu. Comme le père dans la parabole du fils prodigue, le prêtre accueille chaleureusement le pécheur dans l’Église. Le confesseur, en tant qu’enseignant, transmet aux pénitents la connaissance de la vie morale et les conseille sur les moyens pratiques d’éviter le péché à l’avenir.
Le prêtre rassure une conscience scrupuleuse en exprimant avec précision l’enseignement de l’Église. Il instruit les personnes confuses ou ignorantes des enseignements moraux de l’Église. Le prêtre est un médecin qui aide les pénitents à surmonter les maux spirituels qui les affligent. Comme un médecin, le prêtre prescrit les remèdes nécessaires pour que le pénitent retrouve la santé morale et spirituelle. Enfin, le confesseur agit comme un juge miséricordieux et aimant qui évalue l’état spirituel et moral du pénitent et détermine sa contrition et sa ferme intention de changement (10). Ces rôles de père, d’enseignant, de médecin et de juge jouent un rôle essentiel dans l’aide apportée au pénitent qui souffre d’une utilisation compulsive de la pornographie sur internet.
Les moyens surnaturels
L’Église dispose de nombreux instruments pour aider les pénitents qui souffrent d’un usage compulsif de la pornographie. Les remèdes prescrits pour l’usage de la pornographie dans le confessionnal doivent tenir compte de l’âge, du statut professionnel, du sexe et de la condition spirituelle du pénitent. Le prêtre doit être un père patient qui reconnaît que le chemin de la vertu est souvent difficile, semé d’embûches et semé de nombreuses chutes. La première chose – et peut-être la plus importante – que fait le prêtre dans le cadre de la confession sacramentelle est d’insuffler de l’espérance au pénitent.
Quels que soient la profondeur de la blessure et le nombre de transgressions, le prêtre doit encourager le pénitent à ne pas perdre espoir. De nombreux pénitents qui souffrent de la pornographie sont tourmentés par la culpabilité. Ils ont pris de nombreuses fois la résolution de ne pas consommer de pornographie et sont tombés plusieurs fois. Ces échecs répétés font naître chez le pénitent un sentiment de désespoir qui lui donne l’impression d’être impardonnable. Si le prêtre ne fait rien d’autre dans le confessionnal, il doit inspirer un sentiment d’espérance au pénitent. Jésus, par sa mort, sa passion et sa résurrection, a définitivement vaincu le péché et la mort. Pour susciter l’espérance chez le pénitent, le prêtre doit lui rappeler la miséricorde de Dieu et l’inviter à réfléchir aux moments où il a pu vaincre ses habitudes de péché. En s’approchant du sacrement, le pénitent exprime déjà implicitement son espérance dans le pardon et dans le pouvoir transformateur de Dieu.
Sans exception, le pénitent doit être encouragé à maintenir une routine de prière. La prière rétablit notre communion avec Dieu et concentre nos cœurs et nos esprits sur ce qui est bon, vrai et saint. La pornographie, comme tout péché mortel, nous sépare de la communion avec Dieu et l’Église. La prière rétablit cette communion perdue. Une vie de prière régulière contrecarre la corruption de l’esprit causée par la consommation répétée de pornographie en invitant le pénitent à se concentrer sur la vie de Jésus et de Marie. À cette fin, le rosaire et la lectio divina sont des armes puissantes dans la lutte contre la consommation compulsive de pornographie. Ces deux formes de prière sont de nature contemplative. Elles réorientent l’intellect vers des images de Dieu. En s’engageant dans ces formes contemplatives de prière, le pénitent restructure progressivement ses cognitions et ses souvenirs pour les éloigner des images pornographiques et les rapprocher des images de Dieu.
La deuxième aide surnaturelle pour aider les pénitents qui souffrent d’une utilisation compulsive de la pornographie sont les actes de pénitence. Les actes de pénitence sont des actes que le pécheur repentant accomplit pour montrer sa détestation de ses propres péchés et la nécessité de les réparer (12). La pénitence est avant tout une disposition intérieure. Les actes extérieurs tels que la prière, le jeûne et l’aumône manifestent la conversion du cœur du pécheur. Les diverses pratiques de pénitence peuvent consister en « la prière, l’offrande, les œuvres de miséricorde, le service du prochain, l’abnégation volontaire, les sacrifices, et surtout l’acceptation patiente de la croix que nous devons porter » (CEC §1460). Ces actes de pénitence nous aident à réparer les dommages causés par le péché dans notre vie. Ils sont particulièrement nécessaires pour les catholiques qui souffrent de consommation compulsive de pornographie.
La pornographie est intrinsèquement isolante. Elle encourage le repli sur soi et la recherche d’une satisfaction personnelle immédiate. L’accomplissement d’actes de pénitence nous fait sortir de nous-mêmes en nous obligeant à prendre en compte les besoins des autres et à répondre à leurs préoccupations. Les inconvénients et les difficultés imposés par la pénitence contrebalancent le besoin de gratification immédiate. Les pénitents qui souffrent de pornographie compulsive devraient être encouragés à accomplir des actes de charité en faveur de ceux qui sont dans le besoin, en particulier les membres de leur propre famille ou de leur cercle d’amis. Ces actes de charité permettent de démêler les années accumulées d’égoïsme et d’égocentrisme causées par la consommation répétée de pornographie.
Troisièmement, le confesseur doit encourager le pénitent à détester le péché de la pornographie. L’horreur du péché est nécessaire à la conversion. Dans le cas de la pornographie, celui qui s’approche du sacrement de réconciliation déteste déjà son péché dans une certaine mesure. Le pénitent peut ne pas aimer la façon dont la pornographie induit la culpabilité et met à mal ses relations. Il peut regretter le temps perdu à consommer de la pornographie. Le pénitent peut déplorer les effets isolants de la pornographie et le sentiment de solitude qu’il éprouve après l’avoir regardée. Se lamenter sur les conséquences négatives du péché est un premier pas nécessaire pour détester le péché de la pornographie. La véritable haine du péché doit finalement naître de la profanation de l’image de Dieu par la pornographie.
Le confesseur peut aider le pénitent à réaliser que les acteurs ne sont pas des personnages animés, mais des personnes réelles dotées d’un destin surnaturel. La pornographie contribue à de nombreux crimes, tels que le financement du crime organisé et des cartels de la drogue, l’exploitation des femmes et des enfants et la traite des êtres humains. En consommant de la pornographie, le pénitent contribue à ces graves violations de la dignité humaine. L’éducation du pénitent à la dignité de la personne humaine l’aidera à surmonter ce vice.
Moyens naturels
Les moyens naturels de vaincre la pornographie peuvent être utilisés par les chrétiens et les non-croyants. Alors que les moyens surnaturels dépendent de la grâce de Dieu, les moyens naturels dépendent de l’élimination des sources de tentation et de la formation de groupes pour aider les hommes et les femmes à surmonter l’utilisation de la pornographie. Pour les catholiques, ces mesures doivent être prises conjointement avec des aides spirituelles pour arrêter de consommer de la pornographie. Ces programmes complètent les moyens surnaturels décrits ci-dessus, en aidant le pénitent à développer ses vertus naturelles, à surmonter les pathologies psychologiques qui le poussent à consommer de la pornographie et à réduire les sources de tentation.
[Le confesseur peut aussi encourager le pénitent à limiter son accès à internet ] La première [solution] consiste à encourager le pénitent à installer un logiciel de filtrage d’internet sur son appareil. Ces programmes bloquent la pornographie, les contenus violents et les sites de jeux d’argent dans le navigateur web. Ces programmes peuvent également surveiller l’utilisation de l’internet par une personne et limiter le temps passé en ligne. Les logiciels de filtrage sont facilement disponibles et abordables. Ils sont essentiels pour toute personne qui s’efforce de vivre sans pornographie. Ils empêchent le téléchargement délibéré ou involontaire de matériel pornographique via internet et les applications.
[Néanmoins] Les logiciels de filtrage d’Internet et les programmes de responsabilisation pour lutter contre la consommation de pornographie sont des outils et ne suffisent pas à eux seuls à mettre fin à la consommation compulsive de pornographie sur Internet. L’adage dit : « Les mains oisives sont l’atelier du diable ». Le pénitent doit être encouragé à éviter l’oisiveté. Surfer sur Internet est une activité intrinsèquement passive. La passivité d’Internet encourage l’oisiveté. Le média se prête à la surconsommation en incitant l’utilisateur à cliquer sur le lien suivant ou à regarder une autre courte vidéo. Lorsqu’une personne est aux prises avec la consommation de pornographie, internet peut être une occasion de péché.
Pour promouvoir une utilisation saine d’Internet et éviter qu’il ne devienne une occasion de péché, le prêtre peut recommander trois stratégies. Tout d’abord, il doit recommander au pénitent d’utiliser Internet à des fins spécifiques (payer des factures, vérifier les résultats sportifs ou lire les nouvelles). Une fois que le pénitent a atteint les objectifs pour lesquels il a commencé à utiliser Internet, il doit être encouragé à arrêter de surfer et à s’adonner à une autre activité.
[…] Saint Paul écrit : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). La prolifération de la pornographie crée de nombreux problèmes pastoraux pour les prêtres. Les paroissiens sont confrontés à la consommation compulsive de pornographie à un rythme bien plus élevé qu’à toute autre époque de l’histoire de l’humanité. La disponibilité quasi universelle d’Internet permet aux gens d’accéder aux documents les plus obscènes et les plus pervers connus de l’homme. Il offre également aux prêtres, dans le cadre privilégié du confessionnal, la possibilité d’inculquer la vertu aux pénitents en leur fournissant les outils nécessaires pour lutter contre la pandémie de pornographie« .